L’Intelligence Emotionnelle, une des Clés de la Réussite Scolaire 1/2
Introduction
Dans le cadre de la lutte contre l’échec scolaire, l’école et son système sont régulièrement interrogés et remis en question.
Pour réussir à l’école, de la maternelle au supérieur, divers éléments sont essentiels, comme la motivation et l’estime de soi.
Depuis une vingtaine d’années, l’intelligence émotionnelle ou la capacité à maîtriser et exploiter ses émotions est également prise en compte et reconnue dans la réussite scolaire comme dans la réussite professionnelle ou même privée. Le concept d’intelligence émotionnelle est apparu pour contrebalancer la dictature du QI à laquelle beaucoup d’élèves et leurs parents se sont heurtés. Aujourd’hui, chacun s’accorde à dire que l’être humain n’est pas qu’un cerveau et que l’intelligence d’un élève ne se mesure pas à son seul QI.
On dira d’un enfant qui réussit mal en raison de difficultés cognitives ou psychologiques ou qu’il manque de motivation ou qu’il n’est pas « scolaire », mais on n’entend plus dans les conseils de classe, du moins nous l’espérons, qu’un enfant est « bête » ou « limité ». Le test de quotient intellectuel mis au point par le psychologue français Alfred Binet au début du XXe siècle et encore pratiqué pour mesurer l’intelligence d’un enfant a d’ailleurs été largement critiqué et relativisé. Certains vont même plus loin : il ne mesurerait pas l’intelligence, mais le conformisme social.
Un élève qui partage les mêmes codes culturels que l’école ou des codes similaires aura généralement un bon QI (par exemple, les enfants d’enseignants). En cela, le test de QI est prédictif, il évalue la maitrise du langage et la logique mathématique sur lesquelles les futurs examens portent eux aussi.
Qu’est-ce que l’intelligence émotionnelle ? Vient-elle détrôner le QI ? Qu’offre-t-elle en plus à l’élève dans ses apprentissages ? Qu’est-ce qui est mis en place dans nos écoles pour la développer ? Les parents peuvent-ils aussi apporter quelque chose
Définition
L’intelligence émotionnelle c’est celle du cœur. Elle permet d’identifier et gérer ses émotions pour les utiliser positivement. Pouvoir développer son intelligence émotionnelle, c’est maîtriser ses pulsions et pouvoir différer la satisfaction de ses désirs, maintenir un équilibre émotionnel, être empathique et entretenir des relations harmonieuses avec les autres, savoir se motiver et faire preuve de persévérance malgré les difficultés à affronter.
L’émotion,elle, est encore définie de façon assez négative : « état de conscience complexe, généralement brusque et momentané, accompagné de troubles physiologiques ». On a pensé longtemps que le cerveau rationnel et le cerveau émotionnel étaient deux structures différentes et que les émotions étaient l’apanage des femmes, êtres irrationnels par excellence.
Fort heureusement, la recherche a permis de découvrir toute l’importance de l’émotion dans nos vies : « nous ne pourrions être raisonnables sans ces mouvements intérieurs qui font aussi notre humanité. […] L’é-motion est un mouvement vers le dehors, un élan qui naît à l’intérieur de soi et parle à l’entourage, une sensation qui nous dit qui nous sommes et nous met en relation avec le monde. » L’émotion nous informe et nous guide. Elle est à la fois biologique et pulsionnelle.
Il y a quatre grandes émotions : la peur, la colère, la tristesse et la joie. Au-delà se déclinent toute une série d’émotions secondaires ou sentiments comme la culpabilité, la rage, l’envie, l’excitation, la tendresse, l’amour, etc.
Le QI détrôné par le QE ?
En 1995, Daniel Goleman, psychologue américain, publie son livre, traduit en 1997 en français, L’intelligence émotionnelle : comment transformer ses émotions en intelligence. Il y défend l’idée que l’intelligence émotionnelle est l’aptitude maîtresse à la base de toutes les autres, y compris de l’intelligence intellectuelle. Goleman va montrer que le QE (quotient émotionnel) prédit la réussite encore mieux que le QI. En effet, ce ne sont pas les personnes qui ont le meilleur QI qui réussissent le mieux.
Selon Goleman, l’intelligence émotionnelle bloque ou amplifie notre capacité mentale de penser, d’apprendre, de résoudre un problème.
Qu’en penser ? L’idée que le quotient émotionnel a détrôné le quotient Intellectuel est un faux-débat et un abus de langage, une astuce vendeuse. En réalité, il est très difficile de mesurer le quotient émotionnel de quelqu’un. Ensuite, l’intelligence émotionnelle n’est pas opposée, mais complémentaire à l’intelligence « rationnelle ».
Pendant des siècles, l’Occident a connu le règne de la raison (le logos des philosophes grecs), réaffirmé par le philosophe et mathématicien français René Descartes et son célèbre « Cogito, ergo sum » (je pense, donc je suis), où celui-ci affirme la raison comme critère de la connaissance et non pas les sentiments ni l’imagination.
A la findu XXe siècle, Goleman et d’autres scientifiques comme Antonio Damasio ont le mérite d’avoir attiré l’attention sur l’importance des émotions, tout à fait niées jusque-là, dans le concept d’intelligence et dans le processus cognitif et de lutter contre la « fatalité » du QI.
Comme le rappelle Jean-François Marmion, il faut utiliser les résultats du QI avec une grande prudence. Face au succès qu’il rencontre auprès du grand public, il rappelle à juste titre que le test du QI n’est ni un jeu ni un thème astral ! Ce quotient a été mis au point au départ pour repérer les enfants qui risquaient de rencontrer des difficultés d’apprentissage et ainsi pouvoir leur venir en aide mais il a été source de nombreux malentendus. Rappelons encore que le QI ne mesure pas l’intelligence de quelqu’un mais ses performances par rapport à ses pairs du même âge. Un psychologue ne se base jamais sur les seuls résultats du QI pour évaluer l’intelligence d’un enfant mais sur une évaluation beaucoup plus globale.
Caroline Letor, docteur en sciences de l’éducation, chercheuse à l’UCL et auteur d’une thèse sur le sujet, que nous avons interrogée, précise encore que la différence entre intelligence intellectuelle et émotionnelle n’est pas seulement dans le rapport entre les deux mais aussi dans la manière de comprendre l’intelligence :
1. parler d’IE c’est déjà parler d’intelligence multiple et supposer qu’il y en a plusieurs.
2. parler d’intelligence multiple (Gardner) c’est remettre en question la mesure de l’intelligence, la comparaison interindividuelle, (ne pas mettre les gens sur des échelles univariées +-) mais connaître le profil sur plusieurs axes de chaque personne.
Dans cette perspective, elle est éducable, « formable » et non un trait de personnalité immuable. Certains psychologues tentent de « mesurer » l’intelligence émotionnelle mais cela reste difficile. Les échelles les plus valides (Moira Mikolajzak, Luminet à l’UCL) se rapprochent de tests de la personnalité (traits plus ou moins stables) qui s’écartent d’une définition d’intelligence émotionnelle comme intelligence qui permet d’identifier, réfléchir sur et avec émotions, les gérer…
Bref, une bonne culture générale, de bonnes compétences logiques et mathématiques ne suffisent pas à assurer la réussite de quelqu’un. Il faut également pouvoir percevoir et gérer ses propres émotions de même que comprendre celles des autres.
Aujourd’hui, le nouveau paradigme ou modèle nous invite à harmoniser la tête et le cœur.
L’importance de l’intelligence émotionnelle va bien au-delà de la réussite d’un individu. C’est son bonheur qui est en jeu parce qu’elle le met en contact avec ce qu’il y a d’humain en lui.
Isabelle Filliozat va plus loin dans son analyse : la démocratie est au prix d’une bonne gestion des émotions : « Les émotions que l’on ne veut pas écouter prennent le pouvoir. Fascisme et racisme sont des réponses émotionnelles à des peurs, des souffrances qui n’arrivent pas à se dire. La raison seule ne peut leur faire obstacle. Sectes et partis extrémistes profitent de l’insécurité et de l’analphabétisme émotionnel. […] Faute de gérer adéquatement nos émotions, véritables infirmes relationnels, nous nous heurtons les uns aux autres. […] Il est urgent d’apprendre à faire face à nos émotions. »
De même, la complexité de notre société actuelle et ses défis requiert de développer notre intelligence émotionnelle. Le monde actuel demande autonomie, initiative, créativité, authenticité, empathie.
A suivre……
Analyse UFAPEC février 2012 par D. Houssonloge
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Coach Mohamed EL MOUDEN
Coach professionnel certifié en PNL
Niveau post-maître en PLN, l’une des formations les plus rigoureuses sur le plan international (plus de 1000 heurs de formation) dans le domaine du coaching, offerte par l’institut « Coaching Québec » accrédité par la Société Internationale des Coachs en PNL (SICPNL).
Praticien en hypnose Eriksonien.