Leadership et intelligence émotionnelle (1/5)
Extrait de la formation de Robert Dilts de juin 2013 à l’Institut REPERE sur l’Intelligence émotionnelle.
Le thème du leadership et de l’intelligence émotionnelle est à la fois intéressant et très profond. Si l’émotion a une place considérable dans notre vie, elle est cependant exclue ou laissée de côté dans un contexte professionnel. Dans une école de commerce on va vous apprendre à faire des tableurs, à faire des plans stratégiques, à faire des choses vraiment très techniques, en délaissant pourtant cette aspect majeur de notre vie. Nos émotions peuvent être des ressources puissantes et sont très en lien avec le leadership, car les leaders qui réussissent savent utiliser et potentialiser leur émotions. Pour le leader, la question est donc de savoir comment engager une émotion pour qu’elle soit une puissante ressource pour la réussite d’un projet professionnel, et également de savoir quoi faire des émotions dites négatives quand elles émergent dans un contexte professionnel.
Les situations professionnelles sont largement associées aux ressentis de la colère, de la frustration, de la peur. Mais que faire de ces émotions quand elles émergent ? Habituellement elles sont simplement ignorées ou écartées en “laissant l’émotion hors de cela”. Ces émotions vont s’accroître jusqu’à devenir « l’éléphant dans la pièce » dont chacun souffre et personne n’ose parler. Mais ce n’est pas parce que l’on n’en parle pas qu’il ne va pas nous marcher dessus ! Pour transformer une émotion nous avons avant tout besoin d’entrer en relation avec elle.
Qu’est-ce qu’une émotion ?
La définition de l’émotion, selon le dictionnaire est celle-ci : « Une émotion est une condition qui affecte l’organisme tout entier et influence le degré de réussite de l’interaction avec l’environnement ». Les émotions affectent l’être dans son entier car ce sont des influences très puissantes : elles peuvent apporter de l’énergie ou faire en sorte que tout s’éteigne.
« Les émotions sont des réactions à d’importantes difficultés de la vie, telles que la confrontation à un danger ou un rival, la compétition pour la nourriture ou l’emploi, la recherche d’un partenaire, la perte d’un parent. Ces réactions aident l’individu confronté aux difficultés, à riposter, à fuir, à tomber amoureux ou à demander de l’aide ». L’émotion agit donc comme le signal que quelque chose d’important est en train de se produire, qu’une question importante concernant la vie de l’individu est en attente de réponse. L’émotion apporte une forme d’énergie et crée également la possibilité d’une réponse, courir, appeler, riposter… quelque chose qui est exprimé et ouvert sur l’extérieur.
« Bien que l’émotion représente un changement dans l’état interne d’une personne, c’est également un changement au niveau du comportement. D’une manière encore plus importante, le comportement est conçu pour avoir un effet sur les individus ou les événements autour de la personne ». La perception d’un événement important de la vie déclenche un état interne qui amène une certaine qualité d’énergie, qui va se transformer en comportements conçus pour influencer l’environnement. L’émotion conditionne de façon fondamentale notre capacité à réagir ou à se mettre en action. Notre vie est très émotionnelle et les émotions ont un rôle central dans nos existences et ceci doit être pris en compte dans notre quotidien, et en particulier dans notre vie professionnelle. Si les émotions dites positives vont nous donner de l’énergie pour agir, les émotions dîtes négatives peuvent être fortement perturbatrices voire destructrices.
Nous partageons les émotions avec d’autres espèces de mammifères. Les chiens ont également des émotions, ils peuvent se sentir en colère, frustrés, plein de joie. Les mammifères sont bien plus guidés par leurs émotions que les humains … Pour les humains, la question est de savoir comment utiliser leurs émotions de façon intelligente !
Qu’est-ce que l’intelligence émotionnelle ?
L’émotion n’est pas quelque chose que vous allez apprendre à l’école car vous êtes né avec ces capacités à réagir aux événements importants de la vie. Vous n’avez besoin de personne pour vous apprendre à être triste, frustré, joyeux car les émotions constituent un aspect fondamental de nos programmations. Nous avons par contre besoin d’apprendre à les utiliser au mieux, à devenir plus intelligents dans nos relations aux émotions et à leurs expressions.
Pour Daniel Goleman, l’intelligence émotionnelle est « la capacité à réguler ses émotions et celles des autres, à les distinguer et à utiliser ces informations pour guider sa pensée et ses actions ». Il y a donc dans cette définition les notions de régulation, distinction et d’utilisation des émotions.
Nous cherchons donc à développer une plus grande conscience de nos émotions et une empathie pour les émotions des autres. Mais également à reconnaître nos propres sentiments et les sentiments des autres, pour nous motiver et gérer les émotions dans nos relations aux autres
Pourquoi développer cette intelligence émotionnelle ?
Des recherches ont permis de démontrer que l’intelligence émotionnelle jouait un rôle deux fois plus important que l’intelligence intellectuelle et les compétences techniques dans la réalisation de performances exceptionnelles.
Nous avons besoin d’intelligence émotionnelle dans nos vies professionnelles, pour communiquer plus efficacement et se montrer plus persuasifs avec les autres, mieux comprendre et gérer leurs émotions et leurs motivations, travailler plus étroitement et plus efficacement avec les membres de leur équipe. Ces compétences, qui conditionnent un travail d’équipe, une collaboration efficace, sont des compétences clés du leadership.
Les émotions nous permettent de travailler plus efficacement avec les autres, car elles permettent de créer du lien et des connexions. Mais les émotions sont puissantes et si on les laisse prendre le dessus, on peut rentrer dans leur versant négatif. L’émotion peut donc également créer des conflits.
Les entreprises qui vivent des conflits, sont des lieux où de nombreuses émotions sont exprimées, telles que la colère, le blâme, la peur, les frustrations, des émotions qui peuvent exacerber les conflits. L’intelligence émotionnelle va permettre de travailler d’une manière plus proche des autres et d’améliorer les relations avec un niveau minimum de conflits.
Les compétences clé de l’intelligence émotionnelle:
1-Reconnaître la présence d’un état émotionnel particulier.
Suis-je conscient des émotions qui émergent en moi à un moment particulier ? Nous ne ressentons pas une seule émotion en même temps. Par exemple en faisant quelque chose de nouveau, vous pouvez ressentir de l’excitation et en même temps de l’anxiété ou de la peur, et il est important de savoir la part respective de ces différentes émotions. Il est possible d’être calme et nerveux en même temps. La première question est donc « Suis-je conscient de ce qui se passe en moi et chez l’autre ? »
2- Accepter la présence de l’état sans le juger.
Les jugements que nous portons sur les émotions en les qualifiant de « bonnes » ou « mauvaises » créent des problèmes. Pourtant dans l’absolu une émotion n’est ni bonne ni mauvaise. Le point important est de savoir si la quantité d’émotion présente et son mode d’expression comportementale est appropriée à une situation donnée.
3-Accueillir l’état émotionnel dans un environnement d’«équanimité» (lui faire de la place)
Rappelons-nous que l’émotion est un état interne qui s’exprime sous la forme d’un comportement et que ce dernier cherche à modifier les événements et à influencer les autres. Il est donc nécessaire de savoir accueillir l’émotion à partir d’un espace dénué de jugement. C’est l’une des difficultés les plus marquantes, car il est difficile de dire « je veux ressentir de l’excitation mais pas la frustration ». Il convient donc de reconnaître l’émotion sans porter de jugement et de l’accueillir dans un espace « d’équanimité ». L’opposé de l’équanimité est « préjugé », « biais ». On crée un espace pour que l’émotion puisse être présente, et non pas pour la faire disparaître, la mettre de côté, en avoir honte.
4-Comprendre l’état émotionnel et sa fonction (l’intention positive)
Etre émotionnellement intelligent signifie que nous sommes capable d’apporter de l’intelligence à notre vie émotionnelle en créant un espace pour accueillir l’émotion, ce qui peut alors permettre d’en comprendre sa fonction, ce qu’on appelle l’intention positive en PNL. L’émotion, qui est une réaction à des événements de vie importants, a pour raison d’être de nous fournir de l’énergie, de nous mettre en action par rapport à un événement de vie important, et de changer quelque chose. Chaque émotion possède une intention positive. Par contre l’expression comportementale mise en œuvre pour satisfaire cette intention positive est efficace ou pas, adaptée ou inadaptée, mais ne remet pas en cause l’intention positive.
5-Trouver des ressources à l’état émotionnel en le connectant à d’autres émotions et états complémentaires
Une fois que nous avons défini la fonction de l’émotion, nous pouvons trouver des ressources, en la connectant à d’autres états émotionnels complémentaires. La rage est par exemple un message me signalant qu’un événement important se produit. Si je ne ressens que de la rage et que je commence à agir avec violence, je ne suis pas émotionnellement intelligent et je n’agis pas intelligemment. Si je cherche à lutter contre ma rage ou faire comme si elle n’existait pas, je n’agis pas non plus intelligemment.
6-Transformer ou affiner l’expression de l’état émotionnel pour qu’il soit plus harmonieux et productif par rapport à son intention positive
Agir de façon émotionnellement intelligente consiste affiner l’expression de cette émotion de façon à ce qu’elle soit plus connectée à son intention positive, quelle n’aggrave pas la situation problématique, qu’elle ne rende pas les choses plus compliquées.
7-Intégrer l’état émotionnel en tant que partie contribuant à un système plus large.
Intégrer les émotions signifie que nous sommes plus complets, plus connectés à nous-même et vivants, plus en lien avec notre raison d’être. Comme nous le verrons, les compétences de la PNL peuvent grandement nous aider développer notre intelligence émotionnelle, et nous faciliter la reconnaissance, l’accueil, la compréhension, l’apport de ressources et l’intégration de nos émotions.
Transcription par JL. Monsempès, l’Institut REPERE.
Coach Mohamed EL MOUDEN
Coach professionnel certifié en PNL
Niveau post-maître en PLN, l’une des formations les plus rigoureuses sur le plan international (plus de 1000 heurs de formation) dans le domaine du coaching, offerte par l’institut « Coaching Québec » accrédité par la Société Internationale des Coachs en PNL (SICPNL).
Praticien en hypnose Eriksonien.